Elle, on l’appelait « Vermicelle », petite et remuante, comme un vermisseau, mais au féminin. Moi, c’était « Moineau », un peu dans le même genre, mais aussi parce que j’avais un appétit de volatile et que je m’envolais chaque fois qu’on m’approchait.
« On l’appelait Vermicelle » de Fanny Vella, cette bande dessinée me fait de l’œil depuis sa sortie, mais j’ai attendu d’apprivoiser ce petit moineau avant de pouvoir la lire sans que ça fasse trop mal.
Fanny Vella aborde les souffrances rencontrées durant l’enfance. Tabous, non-dits, mots qui blessent et que l’on dit sans s’en rendre compte, violences ordinaires que l’on croise au quotidien, amour toxique et multiples « c’est pour ton bien »… Je pense qu’on y a tous étés confronté.e.s, à des degrés différents et que cela a eu un impact tout aussi différent selon notre aptitude à la résilience et de la manière dont on a été entourés. Il y a une phrase qui m’a beaucoup aidée, beaucoup touchée, à ce sujet : « on dit que la résilience ne se trouve pas seule, et qu’on guérit plus vite quand sa souffrance est reconnue ».
Cette BD, c’est une manière de montrer tout le chemin parcouru pour que ces « violences » – je mets des guillemets parce que j’ai encore du mal à nommer l’ensemble de tout cela, que c’est le mot qui me vient en premier à l’esprit lorsque j’y pense, mais qu’il me semble parfois trop grand par rapport à d’autres souffrances plus « violentes »… – aient moins d’impact sur notre quotidien d’adulte.
On suit la petite Vermicelle qui grandit et qui subit toutes ces « petites choses » qui, accumulées, forment un boulet de plus en plus lourd à traîner. Heureusement, son imagination débordante lui permet de s’évader, de faire face à toutes ces responsabilités que l’on fait peser sur elle et qu’elle ne devrait pas avoir à porter. Elle en subit les conséquences, que ce soit au niveau physique ou émotionnel. Elle est un peu perdue dans ce monde d’adultes tout aussi perdus qu’elle… Le poids de la culpabilité n’est jamais loin.
La pleine page qui personnifie cette émotion m’a d’ailleurs beaucoup touchée. Il n’y a que par le dessin que cela pouvait être exprimé aussi clairement.
À ce petit « Moineau » qui fait encore partie de moi, cette BD a cette beaucoup de bien. Elle me dit qu’il n’est pas seul, mais, surtout, que ce n’est pas normal de subir cela. Qu’il faut en parler et changer les consciences pour que le quotidien de l’enfance ne soit plus aussi « violent ».
Fanny dit aussi que tout ce qui n’est pas reconnu, conscientisé se transmet. À nos enfants, à nos patients lorsque l’on travaille dans le paramédical, à notre entourage, tout simplement… parce que ces souffrances ne demandent qu’à sortir et s’expriment malgré nous.
Les dessins de Fanny sont tout aussi sublimes et humains que son histoire. De la couleur pour l’imagination, un peu perdue sous cette vague de bleu outremer, ce « blues » de la vague qui fait remonter les maux à la surface, ce tsunami que l’on se prendrait en pleine si on ne va pas explorer ces tabous de l’enfance…
Un immense Merci pour ces beaux souvenirs à Quai des Bulles et cette chouette dédicace. C'est déjà prévu, l'année prochaine, je reviens et je découvre tes autres ouvrages ! 🤩
Pour conclure, cette BD a réveillé et éveillé beaucoup d’émotions en moi et parle d’un sujet que l’on ne voit pas beaucoup, que ce soit dans la littérature, les médias ou au cinéma. Un sujet pourtant important et pour lequel il est important de sensibiliser, d’informer. C’est un témoignage d’une résilience puissante et salvatrice qui touchera chacun.e d’entre nous.
Super chronique qui donne vraiment envie de découvrir cette BD